On s’y attendait. Le projet de réduction des émissions de CO2 de la Ville de Delémont semble suivre les tendances actuellement à l’œuvre au niveau fédéral et même international. Ces tendances sont extrêmement problématiques à plus d’un titre :

• Il y a d’abord l’insuffisance des objectifs: pour 2030, nous devons viser le ZÉRO émissions nettes, et non pas une réduction de moitié. Les objectifs actuels ne permettent pas de respecter les accords de Paris et de nous maintenir sous le seuil de sécurité. En gros, si ce genre de politiques sont appliquées dans le monde entier, le climat s’emballera quand même, menaçant la civilisation humaine. Il faut être bien plus ambitieux.
• Ensuite, la prise en compte de la « compensation carbone » dans le calcul des émissions nettes pose un réel problème. Le concept même de « compensation » est problématique, car il laisse entendre qu’une partie du CO2 libéré pourra être réabsorbé en plantant quelques arbres. C’est oublier que pour avoir un effet quelconque, le reboisement devrait être massif, entrant souvent en concurrence avec les terres cultivables. En conséquence, autant l’efficacité (très hypothétique) de ces méthodes que la question de leur acceptabilité sociale pose problème. Qui plus est, rien ne garantit que tous ces arbres ne partirons pas en fumée tôt ou tard, libérant à nouveau le CO2 recapté.

Entretenir l’illusion de la « compensation carbone » est donc extrêmement dangereux et ne profite qu’à celles et ceux qui veulent à tout prix maintenir la croissance capitaliste. Bien sûr qu’il faut protéger les forêts (et aussi les zones humides comme les tourbières) ; cela fait d’ailleurs partie des revendications de la Grève du Climat (Jura). Mais cela ne doit pas rentrer dans des calculs hasardeux de « compensation carbone », qui permettent aux autorités de contourner le nœud du problème : comment sortir énergies fossiles rapidement, tout en mettant en place immédiatement des alternatives socialement justes ?

De par ces objectifs, la Ville de Delémont semble se situer davantage du côté des grandes multinationales et de la finance que du côté de la population majoritaire. Le mouvement pour la justice climatique ne peut plus se permettre de soutenir passivement ce genre de programmes, en se contentant de dire qu’ils sont insuffisants. Comme pour la Loi fédérale sur le CO2, nous devrons réfléchir à comment combattre ce genre de législations, qui s’appuient sur de mauvais leviers et ne nous donnent aucune perspective d’avenir.

Pourtant des solutions existent, permettant de prendre en compte l’urgence climatique et environnementale, ainsi que la justice sociale, sur laquelle nous ne pouvons faire l’impasse, surtout dans le contexte actuel de crise économique. Que vous soyez employé.e, retraité.e, paysan.ne, étudiant.e.s ou encore sans emploi : nous avons besoin de vous pour poursuivre la lutte.

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Découvrez ici les revendications de la Grève du Climat: https://jura.climatestrike.ch/revendications/

Voir aussi : https://www.rfj.ch/rfj/Actualite/Region/20200908-Delemont-veut-reduire-ses-emissions-de-CO2.html